macro photography of a bee isolated on a window

L’idée de développer la population d’abeilles en ville est née il y a quelques années avec les ruches urbaines en les installant dans les parcs et des toits de gratte-ciel des grandes villes. Des aménagements existent pour ralentir la disparition de ces insectes pollinisateurs résistants aux insecticides. Cependant, une étude a révélé que la surconcentration de ces ruchers crée une concurrence défavorable entre les abeilles domestiques et sauvages. Faut-il alors stopper l’experience? 

Les spécialistes de la biodiversité ont observé des déclins massifs des populations d’abeilles au fil des ans. Par conséquent, certains d’entre eux encouragent l’installation de ruches pour faire face à la réalité. La ville de Paris a réalisé son dernier recensement en 2015 et dénombré 687 colonies d’abeilles « indigènes » parmi ses ruchers.

 

Abeille butinant une fleur au Jardin des Plantes, Paris, France © Jacques Julien
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Compétition entre pollinisateurs

Mais d’après Isabelle Dajoz, responsable de l’étude et chercheuse à l’université de Paris, « on confond souvent les abeilles de manière générale et l’abeille domestique Apis mellifera. Il existe plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde, près de 1 000 en France et au moins une centaine à Paris. Du fait de l’engouement croissant pour l’agriculture urbaine, les citadins installent des ruches à abeille domestique partout. La densité de ruches à Paris intra-muros a donc explosé ces dernières années, atteignant 20 ruches au km2 début 2020, soit sept fois la moyenne nationale. L’intention est louable mais en réalité, il n’y a pas de lien entre l’introduction de ces ruches et la préservation des abeilles et des pollinisateurs sauvages, bien au contraire. Rappelons que ces derniers ont aussi un rôle fondamental dans la pollinisation, une fonction indispensable à la reproduction des plantes à fleurs, donc à l’agriculture et à la sécurité alimentaire. »

Après 3 ans d’observation par les chercheurs, ils constatent donc que ces ruchers provoquent de graves conséquence. Car une fois les fleurs butinées par les abeilles « domestiques », il ne resterait plus rien pour les espèces sauvages ainsi que pour d’autres grands polinisateurs comme les bourdons et papillons.

Si les abeilles « domestiques » mellifères – Apis mellifera – sont les plus connues, il existe en fait 1 000 espèces d’abeilles en France. Les abeilles sauvages, contrairement à leurs homologues, ne sont pas élevées dans des ruches et sont solitaires. 

Donc dans ce domaine hautement concurrentiel, plus de plantes mellifères devraient être cultivées comme la lavande, le romarin ou encore le tilleul, déduisent les apiculteurs.

Le frelon asiatique, grande menace pour le secteur apicole

Frelon asiatique attaquant une ruche © Jacques Julien
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Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) cause des dégâts importants dans les vergers en dévorant les fruits et il a la particularité de s’attaquer aux abeilles. Les abeilles butineuses constituant 80% du régime alimentaire d’un frelon asiatique en ville et 45% à la campagne. Bien que toutes les abeilles ne meurent pas, elles sont fortement stressées par la prédation des frelons asiatiques, et du coup produisent moins de nectar et de pollen mais aussi diminue leurs réserves hivernales.

Apparu dans le sud de l’Ile-de-France en 2014, ce frelon est passé de 50 nids enregistrés en 2015 à 269 en 2016 et 391 dans toute la région en 2017. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le 13 juillet 2016, un nid de frelons asiatiques à pattes jaunes a été découvert juste à côté du Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Sa population se développe donc désormais au coeur de la capitale…

Jacques Julien

Photographe basé à Paris spécialisé dans la photo d'art noir et blanc, la photo animalière, l'architecture, les portraits.